Les jeunes, ces "esclaves modernes" : Chômage, stages, précarité..
Chômage, stages, précarité : les jeunes, ces « esclaves modernes »
Par Hela Khamarou | Génération précaire | 11/03/2011 | 18H12
Le
nouveau numéro d'Alternatives Economiques (n°300 du mars 2011) fait sa
couverture sur la jeunesse dite « Génération galère ». Dans cette
enquête, AE fait un état des lieux du chômage des 15-25 ans qui atteint
les 24% en 2010. Notons qu'il s'agit là d'une enquête sur la jeunesse
qui est déjà dans la vie active, ou qui essaye désespérément de l'être.
Un
autre chiffre me vient en tête, dans un article du Time du 28 février
sur les révoltes de la jeunesse arabe. Il y était mentionné que le
chômage des jeunes dans ces pays atteignait les 25%. Drôle de
coïncidence. Sauf que nous, jeunes Français, nous ne faisons rien pour
changer les choses. Nous sommes pris dans ce marasme. Et pourtant, notre
quotidien est de plus en plus difficile.
Difficile d'être jeune aujourd'hui
Selon
les critères économiques et sociaux, la « jeunesse » est un terme bien
plus vague qu'il y a cinquante ans. C'est pourquoi les limites de cette
enquête sont très vite atteintes. Le quart de siècle ne marque pas la
fin de la jeunesse et l'entrée dans la vie active et le monde adulte. Au
contraire, le concept évolue en fonction des difficultés économiques et
sociales auxquelles font fasse ces nouvelles générations. A 30-35 ans,
nous rentrons encore dans la case « jeunesse ». Nous sommes des
« vieux-jeunes ».
Aujourd'hui,
être jeune est un réel défi. Entre faire des études plus longues car on
nous a promis que plus d'études = plus de sécurité, trouver un stage,
un premier emploi (souvent précaire), ou un CDI (sésame du droit au
bonheur ? ) ou encore pouvoir être locataire, il semble bien loin le
temps où la jeunesse française trouvera une stabilité pourtant bien
méritée.
La
pauvreté frappe lourdement les jeunes : 20% des 20-24 ans et 12% des
25-29 ans. Alors que le Smic a augmenté de 121 euros en quinze ans pour
atteindre en 2011 la coquette somme de 1 071 euros mensuel net, la
jeunesse doit se battre pour joindre les deux bouts.
Nous
sommes de plus en plus dépendants de nos parents. Et même si nous
finissons par trouver un travail, celui-ci demeure précaire.
Aujourd'hui, si un jeune trouve un premier emploi, il a de grandes
chances pour que ce CDD soit suivi d'une nouvelle période de chômage de
plusieurs mois avant de retrouver un emploi.
Il
est donc difficile d'accéder à une toute relative indépendance
financière sans retomber au moindre revers dans les pattes de papa et
maman. Et qu'en est-il d'une partie de cette jeunesse qui ne peut pas
compter sur un parent pour le nourrir ?
En
France aujourd'hui, une partie de la jeunesse vit en dessous du seuil
de pauvreté. Et ce ne sont pas les dernières mesures du gouvernement
permettant un RSA jeune qui arrivent à endiguer ce phénomène.
Alors
que les Français se battaient pour sauver leurs retraites à l'automne
2010, la jeunesse était dans la rue, consciente que son sort était lié à
ce mouvement. Nous étions aux côtés des manifestants et nous scandions
ce message : « Laissez-nous payer vos retraites ». Délibérément
provocateur, ce slogan avait pour but de sensibiliser l'opinion publique
sur le problème du chômage des jeunes.
Les stages, une nouvelle forme d'esclavagisme
La
réalité est brutale : la crise économique de 2008 a aggravé la
situation. Aujourd'hui, la période d'essai payée est remplacée par un
stage (rémunéré à 30% du Smic au-delà de deux mois de stage) qui est
loin d'être la garantie de l'embauche à la fin du stage.
Autre
fait majeur, les postes dits « juniors » ont eux aussi été remplacés
par des stages. En gros, c'est du travail dissimulé. J'irai même plus
loin, c'est une nouvelle forme d'esclavagisme moderne. D'ailleurs, quels
sont les droits des stagiaires ? Ils ne sont pas comptabilisés dans les
effectifs de l'entreprise, ils n'ont pas le droit à des congés payés,
et n'ont pas de syndicat.
Par
contre, ils sont très productifs ces petits jeunes, souvent
surqualifiés, acceptant des postes déclassés, et prêts à faire des
heures supplémentaires non rémunérées par espoir d'être embauchés à la
fin de leur stage (ce qui demeure un fait assez rare). Il est bien loin
le temps du stage café/photocopieuse.
Le
collectif Génération précaire se bat depuis 2005 pour amener le débat
dans la sphère publique, mais pourtant les abus continuent. De 800 000
stagiaires il y a quelques années, nous sommes passés à prêt de 1,5
million en 2010.
Les
étudiants ne font plus un seul stage de fin d'étude, mais plusieurs
stages tout au long de leur parcours académique. La multiplication des
stages par étudiant découle de cette pénurie d'emplois. Drôle de société
dans laquelle nous vivons où il y a du travail (les stages le prouvent)
mais pas d'emplois.
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- ► Chômage des jeunes : ce qu'ils en disent
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"Bonne journée" JPVCOOLPROD.
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