Mariages forcés, prostitution : l'esclavage moderne au Canada
À
Toronto, environ 200 personnes ont participé samedi à la 3e conférence
annuelle contre la traite des personnes. Cette année, l'événement
mettait l'accent sur les cas d'esclavage moderne au pays où l'industrie
du sexe est au banc des accusés.
Natasha
Fuller ne veut pas être considérée comme une victime. Elle préfère être
appelée survivante. Elle avait à peine 14 ans lorsqu'elle a quitté la
maison pour devenir prostituée.
Pour elle, ça ne fait aucun doute : la vaste majorité des travailleuses du sexe sont ni plus ni moins des esclaves.
Elle
en veut à ceux et celles qui veulent faciliter la prostitution en
Ontario. La cour d'appel de l'Ontario a récemment invalidé des clauses
de la loi fédérale sur le proxénétisme et les maisons closes. Selon la
cour, ces clauses créent des conditions de travail dangereuses pour
les prostituées.
L'industrie
du sexe est certainement le secteur où l'utilisation du travail forcé
est la plus courante, mais il est loin d'être le seul.
La
3e conférence annuelle contre la traite des personnes cible aussi
d'autres pratiques qui impliquent souvent une certaine forme d'esclavage
dit moderne au Canada.
Mariages forcés
Une
recherche dont les résultats ont été rendus publics dans le cadre de la
conférence, fait état de 219 mariages forcés répertoriés entre janvier
2010 et novembre 2013 au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique.
Une situation peu connue qui affecte pourtant de nombreuses communautés
au pays.
Le programme fédéral des travailleurs étrangers temporaires inquiète plusieurs intervenants de la conférence.
Shelley
Gilbert dirige un organisme de lutte contre la traite des personnes
dans le sud ouest-ontarien, le « Anti-Human Trafficking Action Group »
à Windsor-Essex.
Selon
elle, le programme fédéral actuel génère des abus, parce qu'il isole
les employés et les soumets au bon vouloir d'un seul employeur.
Pour
des raisons évidentes, il est difficile de chiffrer l'ampleur de la
traite des personnes au Canada, mais les autorités mentionnent certains
signes pour reconnaître les victimes. Par exemple si une personne ne
parle ni anglais, ni français, et si elle est contrainte dans ses
mouvements, il y a peut-être matière à se poser des questions.
La
majorité des victimes de l'esclavage moderne au Canada se trouvent en
Ontario. Mais c'est aussi dans cette province où on retrouve le plus
grand nombre de poursuites contre les trafiquants d'être humain.
D'après le reportage d'Alex Boissonneault.
"Bonne journée " JPVCOOLPROD
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